Simon Hupfel: Le discours politique de la crise en France et le "modèle allemand"

Die Veranstaltungsreihe wird gefördert von NovaTris und dem CRESAT (Centre de recherche sur les économies, les sociétés, les arts et les techniques) der Université Haute-Alsace in Mulhouse.

Diese Reihe trägt das Label von Eucor-The European Campus.

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Simon Hupfel ist Dozent für Volkswirtschaftslehre an der Université de Haute Alsace, Mulhouse.

L’idée de cette communication est de montrer comment, au cours des trente dernières années marquées par une série de crises économiques aussi régulières que violentes, se sont articulés les éléments d’un discours sur la crise dans le débat politique français. Ce discours présente d’abord la France comme un pays particulièrement résistant aux chocs macroéconomiques, mais incapable de résorber le chômage de masse, en raison de la part importante de l’emploi public, des minima sociaux et de la relative rigidité du marché du travail.

Dans ce discours, l’Allemagne, ou plus exactement le modèle allemand, fait figure de contrepoint. Ce modèle, caractérisé par une flexibilité supérieure du marché du travail, un volontarisme industriel plus affirmé et une gestion rigoureuse des dépenses publiques et de la monnaie, lui aurait permis de retrouver une dynamique économique supérieure et de résoudre le problème du chômage. Cette admiration, bien présente dans le débat politique, est toutefois ambiguë. Elle est en effet toujours renvoyée à des défaillances profondes, comme celles de dépendre trop étroitement de ses exportations, d’un taux de natalité trop faible et surtout de mener des politiques non-coopératives au sein de l’Union européenne.

A travers l’examen de différents débats parlementaires et prises de positions gouvernementales, on tentera de montrer comment cette ambivalence se situe au cœur d’un langage politique qui structure profondément le débat français dans son ensemble. Plus précisément, il s’agira aussi de montrer comment ce langage renvoie à une analyse économique qui empêche de considérer la question des différences politico-institutionnelles, pourtant centrale dans les questions de politique européenne. Une telle analyse permettra finalement d’interroger les possibilités de sortie de ce discours politique qui imprègne le discours sur la crise en France, depuis les années 1970-1980.